Page:Lamartine - Cours familier de littérature, un entretien par mois, 1858.djvu/28

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La serpette qui tond, comme un troupeau, le bois,
Le long râteau qui peigne et qui grossit en gerbes,
Quand la faux a passé, les verts cheveux des herbes ;
Outils selon la plante et selon la saison,
N’y sont-ils pas pendus aux clous sur la cloison ?

S’il est près de ta mer une telle colline,
Ami ! pour mon hiver retiens la plus voisine.

On dit que d’écrivain tu t’es fait jardinier ;
Que ton âne au marché porte un double panier ;
Qu’en un carré de fleurs ta vie a jeté l’ancre
Et que tu vis de thym au lieu de vivre d’encre ?
On dit que d’Albion la vierge au front vermeil,
Qui vient comme à Baïa fleurir à ton soleil,
Achetant tes primeurs de la rosée écloses,
Trouve plus de velours et d’haleine à tes roses ?
Je le crois ; dans le miel plante et goût ne sont qu’un :
L’esprit du jardinier parfume le parfum !
   
Est-on déshonoré du métier qu’on exerce ?
Abdolonyme roi fit ce riant commerce.