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Page:Lambert - Journal d'un bibliophile, 1927.djvu/30

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JOURNAL D’UN BIBLIOPHILE

vant moi étaient les deux numéros qui me manquaient pour compléter ma série.

Je crois encore aujourd’hui que si j’avais été seul en ce moment, je me serais rendu coupable de vol en m’emparant des numéros tant recherchés.

La femme de la maison était là, mais j’hésitai beaucoup à les lui demander, dans la crainte d’un refus qui, je crois, m’aurait été fatal.

J’offris cinquante sous pour les deux numéros, mais elle me les donna pour rien.

Le soir, à la maison, en les ajoutant à ma série, j’éprouvai, comme le juge ci-haut mentionné, cette joie incontrôlable, délirante et tapageuse.

Le fait d’avoir complété ma série ne pouvait peut-être pas avoir la valeur et l’importance du document qui était tombé dans les mains du juge, mais, moi, je n’avais jamais été tenu à cette haute réserve et à la gravité que comporte une telle fonction.