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JOURNAL D’UN BIBLIOPHILE

— Non, je ne l’ai pas, lui répondis-je.

— Si vous pouvez me le procurer, reprend l’étranger, je vous donnerai un bon prix.

Je lui dis qu’il était très facile de se procurer ce livre, qu’il ne valait pas cher pour ce qu’il était intéressant.

Il ne parut pas me comprendre et me raconta que depuis longtemps il cultivait l’idée de posséder un « Petit Albert ». Il croyait que tous les curés en avaient un, mais ça le gênait d’aller demander ce livre au curé de la paroisse pour des raisons qu’il ne voulut pas me confier.

Je crois encore aujourd’hui qu’il aurait été reçu avec commisération ou rebuffade.

Je lui dis de revenir dans quelques jours, c’était peut-être le meilleur moyen de le guérir.

À quelque temps de là, quand je lui tendis un « Petit Albert », dans ses yeux brilla un éclair de sauvage résolution et il partit emportant le bonheur du reste de sa vie.

Quelquefois, il m’était demandé des ouvrages plus sérieux. Plusieurs m’ont réclamé « Les Voix Canadiennes », en neuf volumes, éditées chez A. Savaête, à Paris, France.

Cette œuvre, qui résume toutes les difficultés politiques et religieuses du Canada français est sous


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