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JOURNAL D’UN BIBLIOPHILE

Le lendemain, la rédaction de l’« Avenir National », publia les commentaires suivants, qui rétablirent la vérité en dévoilant la perfidie du Dr L… :

« Un médecin de la ville, à qui sa clientèle laisse des loisirs — le Dr L…, pour ne pas le nommer, — en a profité pour se fendre d’une lettre que nos lecteurs ont pu lire dans notre numéro d’hier. Nous disons qu’ils ont pu la lire. Ont-ils pu la comprendre ? Ah ! ça, c’est une autre chose, et, pour parler comme le proverbe, c’est une autre paire de manches. Nous en doutons fort, étant donné que cette missive d’un disciple d’Esculape est écrite en un charabia qui n’a de nom dans aucune langue. Tout y est estropié par cette même main dont la fonction est pourtant de guérir : c’est un vrai massacre ; tout y passe : l’orthographe, le style, par-dessus tout, le bon sens. Docteur, docteur, que vous êtes cruel de saboter ainsi les mots, les règles du langage, la saine raison ! Et que nous plaignons sincèrement vos patients, si vous les maltraitez de la sorte, et si vous appliquez aux douleurs humaines de pareils procédés sauvages !

Soyez plutôt maçon si c’est votre métier,


« a dit le maître de la rhétorique française. À en juger par votre élucubration d’hier, vous eussiez fait « un excellent maçon. Mieux vaut tard que jamais. Il en est encore temps. Cassez des cailloux : cela vous ira très bien. Mais de grâce ne vous mêlez plus d’écrire. C’est assez d’une fois. Nos lecteurs


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