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JOURNAL D’UN BIBLIOPHILE

« à la grosse loupe, voici les choses ineffables qu’ils ont cru y voir :

« Il appert d’abord que vous n’aimez pas M. Henri Bourassa. C’est votre droit, encore que nous nous demandions ce que cela peut bien faire à Monsieur Bourassa, que vous l’aimiez ou non. L’éminent publiciste doit se soucier de vous, docteur, à peu près autant que du Grand Turc. Ce qui est étrange c’est que vous protestiez contre sa venue prochaine à Manchester. Faudra-t-il maintenant que ne puissent venir à Manchester que les personnes que vous aimez ? Et chaque fois qu’une société ou une autre voudra inviter un conférencier de l’étranger, faudra-t-il qu’elle aille premièrement vous consulter, réclamer votre placet doctoral, s’informer si le personnage vous agrée ? Et où donc avez-vous vu que M. Bourassa venait donner une conférence sur Le Ralliement Français en Amérique ? — Vous ne savez pas écrire, cela est manifeste. Du moins devez-vous savoir lire. Or, il est annoncé partout que M. Bourassa parlera sur « La Langue Française et la Civilisation Américaine. — Docteur, vous confondez autour avec alentour. Et parce que la conférence sera sous les auspices de la Ligue de Ralliement Français, vous en concluez que le sujet en sera Le Ralliement Français. Quelle logique ! Et bien digne de vous ! Dans Molière, dans ce célèbre Médecin malgré lui, où il n’y a guère de scènes plus drôlatiques que celle que présentement vous nous jouez vous-même, après un tas d’inepties, Sganarelle s’é-


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