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LE MANDARIN.

fut de rentrer au port. Sur la grève on retrouva les hommes de l’ancien équipage, et parmi eux le capitaine Jean Bart. Tout ce monde gémissait dans l’inaction. Les vainqueurs eurent la générosité de s’appitoyer sur le sort des vaincus et leur rendirent leurs emplois.

« Mais un beau soir, tandis que les nouveaux commandants délibéraient, selon leur habitude, l’ancien équipage ayant à sa tête le capitaine Jean Bart se révolta. « Qu’est-ce ? dirent les délibérants, nous allons mettre tout à l’heure ces mutins à la raison ! » — Mais Jean Bart, à cheval sur un tonneau de poudre et brandissant une torche enflammée, s’écria : « Rendez-vous, ou je fais sauter le navire ! » — Jugez de la stupéfaction des vainqueurs. Jean Bart profitant de leur étonnement les fit saisir et garrotter ; puis, on les jeta sans plus de cérémonie a la mer et sur la côte. « Vive Jean Bart ! s’écria le vieil équipage, et vogue la galère ! »

— Reconnaissez-vous là, mon ami, ajouta Didier, un épisode de notre histoire contemporaine ?