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LE MANDARIN.

— Ce cher Didier, ajouta joyeusement Lefranc, quel enthousiasme ! Croirait-on entendre un matérialiste ?

— À propos de matérialisme, répliqua vivement le philosophe, parlons de votre dernière discussion au sujet d’un mort illustre ; je vous cherchais justement pour vous communiquer mes idées à cet égard. Je commence par dire que je vous approuve ; mais permettez-moi de prendre les choses d’un peu haut.

— Je vous écoute, mon ami.

Didier poursuivit :

— Les croyances disparaissent ; la science, d’ailleurs, ne les autorise plus. La jeune génération s’en inquiète à peine, et j’affirme qu’elle ne souffrira pas de son scepticisme. Seulement je crois, puisqu’on rejette toute morale divine, qu’il est temps de s’inquiéter d’une morale humaine. Bien des gens pratiquaient le bien dans la crainte d’une punition future. Je voudrais inspirer à ces gens la même crainte ou quelque crainte analogue, par exemple, la peur de voir les faiblesses de leur vie publiquement révélées