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LE MANDARIN.

les épaules. « Ma parole d’honneur, dit-il, ces Chinois sont d’une servilité rare !… » Puis, riant d’une pensée qui lui traversait l’esprit, il ajouta : « Qu’on aille vite chercher mon lévrier Djinn et qu’on l’amène à l’instant. » Lorsque le lévrier entra, le chargé d’affaires de la reine Victoria dit d’un ton méprisant : « Donnez la patte de ce chien à baiser à ce Chinois. » L’interprète traduisit le dire au mandarin. Celui-ci se courba lentement, prit la patte du lévrier, la baisa, puis se relevant et se tournant vers ceux qui l’accompagnaient : « La patte de ce chien, dit-il, et la main de ce lord, c’est pour moi la même chose. »

Comprenez-vous, Excellence, ajouta Pé-Kang en s’adressant au maître de la maison, pourquoi les conventions de ce traité sont si mal observées aujourd’hui, et comprenez-vous en même temps le mépris des Anglais pour notre servilisme et notre déloyauté ? Il serait urgent peut-être d’instruire les diplomates des mœurs et de la langue du pays avec lequel un gouvernement tient à contracter bonne et valable alliance.