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LE PÈRE JÉRÔME

Tous ceux qui ont connu le curé Marquis savent que c’était un prêtre sans cérémonie. Donc, un jour d’été, par une chaleur écrasante monsieur le curé Marquis s’en revenait de sa tournée de missionnaire. Il lui restait encore plusieurs milles à faire ; harassé de fatigue, accablé par la chaleur du jour, le vaillant apôtre s’était mis à l’aise en ôtant sa soutane, qu’il avait roulée et attachée avec une petite « hard », branche de saule cassée le long du chemin.

Arrivé à un détour de la route, le curé Marquis se trouve tout à coup face à face avec un mendiant. Celui-ci, prenant le curé pour un quêteux s’écria : « Eh ! bonjour compère, quelle chaleur ! » Et, ce disant, il débouche un flacon de boisson, en offre un coup au curé Marquis : « Bois, ça te rafraîchira, dit-il. » « Merci, répond le curé, je n’en prends pas ! » Et il se préparait à faire une remontrance en trois points au mendiant. Mais ce dernier ne lui en laissa pas le temps : « Sacrebleu ! fit-il, en regardant le curé de travers, c’est la première fois de ma vie que je rencontre en chemin un quêteux qui refuse de prendre un coup avec moi ! »