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RENCONTRES ET ENTRETIENS

Canadiens usaient de représailles sanglantes qui n’avaient aucun rapport avec le grand principe du pardon des injures.

Mais à la guerre comme à la guerre ; les Canadiens français, pourchassés comme des bêtes fauves, se défendaient. Un jour, mon grand-père s’était laissé surprendre seul en chemin par une bande de « Chêneurs ». Comme il était d’une force herculéenne, il batailla pendant quelque temps avec succès, mais bientôt il dut succomber sous le nombre, et fut assommé à coups de bâton. Étendu sans mouvement sur la route, on le crut mort, lorsqu’un des « Chêneurs », plus enragé que les autres, prit un de ces crochets dont on se sert pour rouler les billots, et le lui enfonçant dans le côté droit, d’un mouvement brusque, fit rouler grand-père, à côté du chemin, où il l’abandonna à son malheureux sort. Deux heures après, un ami de la famille, passant par le même chemin, aperçut le corps sans vie, et comprit de suite ce qui était arrivé : Il le plaça sur sa voiture et le conduisit à la maison. Dire la surprise et la colère de mes parents en voyant arriver grand-père dans cet état affreux, ne peut se décrire. La blessure du côté faite par le crochet était effrayante. Deux jours plus tard, grand-père