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Page:Lambton - Rapport de Lord Durham.djvu/159

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ter par leur déplacement, et pour protéger les autres classes contre les infortunes, dans lesquelles ils peuvent maintenant tomber par leur ignorance sur la nature du nouveau pays et le manque de tous préparatifs à leur arrivée.

En soumettant ces faits à Votre Majesté, ce n’est point du tout mon objet de décourager l’émigration dans vos colonies de l’Amérique du Nord. Au contraire, j’ai la satisfaction de croire que la principale valeur de ces colonies pour la mère patrie consiste en ce qu’elles offrent un vaste champ, où des millions de ceux mêmes qui sont dans la métropole peuvent être établis dans l’abondance et le bonheur. Tous les messieurs dont je viens de citer les témoignages sont de chauds avocats d’une émigration systématique. Je m’oppose, d’accord avec eux, seulement à l’émigration telle qu’elle a maintenant lieu — sans prévoyance, sans préparation, et sans méthode ou système quelconque.


CONCLUSION.

J’ai passé en revue les traits les plus saillans de la condition et des institutions des colonies britanniques de l’Amérique Septentrionale. J’ai eu à remplir la pénible tâche d’exposer un état de choses, que ne pourra contempler sans douleur, quiconque a à cœur le bien-être de nos concitoyens coloniaux et l’intégrité de l’empire britannique. J’ai décrit l’opération des causes de division qui existent malheureusement dans la composition même de la société : les maux produits par le fonctionnement d’un système colonial mal-imaginé, et la mal-administration pratique que ces vices fondamentaux ont fait naître dans chaque département du gouvernement.

Il n’est pas nécessaire que je prenne la peine de prouver que cet état de choses ne doit ni ne peut continuer. L’existence politique ni l’existence sociale d’aucun état ne peuvent supporter beaucoup plus longtemps l’opération des causes, qui dans le Bas-Canada ont déjà amené une longue cessation pratique du cours régulier du gouvernement constitutionnel, qui ont occasionné la violation et nécessité l’absolue suspension de la constitution provinciale, et qui ont fini par deux insurrections, par la substitution à deux reprises de la loi martiale à la loi civile, et par deux périodes de suspension générale de toute garantie regardée comme essentielle à la protection des droits d’un sujet britannique. J’ai déjà décrit l’état des sentimens qui règnent dans chacun des partis, ou plutôt des races en lutte ; inimitié universelle et irréconciliable l’une contre l’autre ; la désaffection entière et irrémédiable de toute la population Française, de même que la méfiance avec laquelle les Anglais