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la côte



— « Ho ! le Rouget ! — Ho ! le Noir ! Marche ! »
Les coups de fouet vibrent dans l’air,
Et les bœufs se mettent en marche,
Sous les taons, qui mordent leur chair.


Tout le jour, c’est une furie
De voix, de cris et de chansons,
Un immense souille de vie
Qui réveille tous les buissons…


Un essieu glisse, un char trébuche :
Tout le canton est transporté,
Et la côte est comme une ruche,
Grouillante de fécondité !…


Mais, à l’heure où la nuit commence
À marcher le long du labour,
La chanson fait place au silence,
Le travail fait place à l’amour !…


Quand la nature entière sombre,
Dans le couchant mystérieux,
On peut voir, sur la côte sombre,
S’en aller les couples joyeux !…