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la colline



De loin, je puis la voir, calme, entre deux buissons,
Que la voix des oiseaux inonde d’harmonie,
Et son flanc, alourdi des futures moissons,
Jette un rayonnement de splendeur infinie !…


On dirait qu’elle peut aussi m’apercevoir ;
Qui sait, elle m’attend et m’appelle, peut-être ?
Il me semble qu’elle est heureuse de me voir :
Comme une amie, elle a l’air de me reconnaître !


Peut-être que Dieu donne aux choses d’ici-bas
La force du regard ; peut-être, la colline
A-t-elle reconnu le bruit sourd de mes pas,
Et compris mon attache à sa beauté divine ?…


J’avance doucement, auprès d’elle ; je vois
Briller, dans le soleil, sa figure gaillarde ;
Je lui souris, lui parle à voix basse, et je crois
Que la colline m’aime et qu’elle me regarde !….

II

Ô colline, longtemps après nous tu vivras,
Toi qui restes debout, près de l’homme qui tombe !
Belle, comme aujourd’hui, toujours tu renaîtras,
Quand l’âge nous aura fait descendre à la tombe !…