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la colline



Et ceux-là d’entre nous qui cheminent, le soir,
À ton ombre, et qui vont respirer ton haleine,
Ceux qui t’aiment d’amour et qui viennent s’asseoir,
Près de toi, pour humer ton odeur souveraine ;


Ces paysans, marchant d’un pas rythmé, pareil
Au pas des matelots, dans leur barque traîtresse,
Ces pères et leurs fils, jeunes hommes vermeils,
Dont le regard brûlant est comme une caresse ;


Et celles que tu vis si souvent revenir
Vers toi, pour entasser ton blé dans leurs voitures,
Ces femmes dont on sent flotter le souvenir
Dans tes enchantements, ô sublime nature !


Ces filles égrenant, dans le jour attiédi,
Leur rire clair, pareil au rire des sirènes,
Les glaneuses qui vont poser leur pied hardi
Dans l’herbe, et font ployer leurs épaules sereines ;


Tous auront disparu d’ici, tous seront morts,
Couchés au cimetière où la brise soupire,
Et toi, tu revivras, dans tes feux et tes ors,
Colline, et l’on verra rayonner ton sourire !  !…