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le vent



Les prend en son manteau,
Les éparpille dans la plaine,
Les emprisonne et les enchaîne
Dans quelque immuable tombeau.


C’est pourquoi l’âme humaine,
Brûlante d’instables désirs,
Et pliée au joug des plaisirs,
Oublie et sa joie et sa peine !…


Nos bonheurs lui font mal ;
Il souffre de nous voir en joie,
Car le vent est toujours en proie
À quelque tourment infernal.


Enfermons-nous ! Ses plaintes
Qu’il vient promener, dans la nuit,
Sont tristes comme l’eau qui bruit,
Sur la rive, aux larges empreintes !


Cet être décevant,
Dont la voix implore et blasphème,
Est jaloux des êtres qui s’aiment :
Vite, fermons la porte au vent !…