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le poème des arbres

Ils regardent, sans cesse, au fond des sombres nues,
Le chemin qui conduit aux voûtes inconnues…
De même que nos cœurs tendent vers la beauté,
Les arbres, dans la vaste et pâle immensité,
Face à face au matin, d’où jaillit la lumière,
Dans une inaltérable et sublime prière,
Les arbres, vers le ciel, dans l’azur suspendu,
Tendent les bras, avec des gestes éperdus !…
Quelques fois, on dirait qu’ils montent, dans l’espace,
Qu’ils vont prendre leur vol, avec l’oiseau qui passe,
Libres de toute attache au sol qui les retient,
Et délivrés, enfin, de leur terrestre lien !…
Mais non ! Leur vol est court et cette joie est brève !
Ils reprennent, bientôt, leur tristesse et leur rêve,
Car, des lieux éternels, ils demeurent bannis :
Les arbres sont des cœurs que Dieu n’a pas finis !…

IV

Mais les arbres des bois, comme nous, sont en butte
À l’attaque cruelle et tenace du temps :
Avec leurs ennemis ils sont toujours en lutte,
Et plusieurs sont blessés par la main des autans.