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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

rent l’oreille et n’entendirent plus que des gémissements étouffés, qui, peu à peu, se perdirent dans le bruit accoutumé des vagues de la mer Adriatique heurtant contre le rivage. La chose n’en parut pas moins singulière… Le lendemain, au point du jour, on trouva, proche les fossés, un paysan des environs étendu roide mort ; il parut qu’une main vigoureuse l’avait saisi et étranglé. Son cou noirci portait encore l’empreinte de cinq doigts fortement enfoncés dans les chairs : l’un des deux yeux de ce misérable avait été enlevé soigneusement, sans qu’il en restât aucune trace autour du cadavre.

Les assassinats sont communs en Dalmatie où chacun se fait justice soi-même. La vengeance individuelle est un droit que la loi songe rarement à punir. On crut que le villageois avait péri pour une cause pareille, on lui attribua les cris déchirants qui avaient