Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome I, 1838.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
308
souvenirs d’un fantôme

couleur encore plus sombre, épaisse, hérissée et malpropre, avait un front large et osseux, des yeux petits et flamboyants sous des sourcils énormes et rudes ; des couleurs vineuses couvraient ses joues sèches, et sa bouche livide contrastait avec le rouge éclatant de son nez de faucon : tout son ensemble était extraordinaire. Ce ne pouvait être un serf, un vassal, ni même un bourgeois. Qui était-ce ? j’avais bonne envie de le savoir et je le regardais… Je le regardais… Lui, à son tour, porta ses yeux de mon côté une fois, deux, trois… ; il les portait ailleurs, puis revenait à m’examiner encore. Je ne m’attachais qu’à son manège, je n’étais plus à mon devoir ; je le reconnus, et voici qu’il me survint une pensée… : Si c’était le diable… J’en eus peur… Puis, toujours poursuivi par ma chimère : Et si c’était, me dis-je, Joachim le mal-pendu

Je me mis à frémir…, et lui s’arrêta à me