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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

La jeune fille grandissait et ses charmes se développaient d’une manière admirable. Sylvestre, de son côté, devenait un beau garçon que toutes les jeunes filles de village examinaient avec plaisir ; mais lui ne s’occupait que de sa jolie compagne ; il la défendait contre les brusqueries de Marthe, il la menait à la promenade quand il faisait beau, et, dans la mauvaise saison, il veillait sur elle avec un soin extrême. L’orpheline, en revanche, n’aimait que lui. Sa faible intelligence lui faisait commettre sans cesse des fautes dont Sylvestre cherchait à l’excuser : lui demandait-on d’aller quérir une assiette, elle présentait un vase de fleurs ; lui commandait-on d’ouvrir une fenêtre, elle se mettait à danser en riant. Jamais on ne put lui enseigner ni à traire les brebis, ni à prendre soin du colombier, de la basse-cour. Gaie, inattentive et folâtre, elle ne savait que pour-