Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/18

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de tant d’États et de royaumes qui constituent ce qu’on appelle l’empire ottoman.

Est-ce un État dans de pareilles conditions qui pourra opposer une résistance sérieuse à la Russie, lorsque, guettant l’occasion d’une forte perturbation dans le concert européen, elle étendra ses deux bras, l’un vers l’Europe pour s’emparer des détroits du Bosphore et de l’Hellespont et s’avancer jusqu’à la mer Égée, l’autre vers l’Asie pour pénétrer jusqu’à Alexandrette de Syrie et se mettre en contact immédiat avec la mer d’Égypte ?

L’empereur Nicolas n’avait nullement l’intention de faire la guerre à la Turquie ni de se saisir des détroits. Croyant, par une simple intimidation, pouvoir remporter certains avantages diplomatiques, il ne s’était préparé en rien et se trouva pris au dépourvu en état de guerre avec les puissances occidentales. Il a payé de sa vie l’imprévoyance de sa diplomatie. On ne tombera plus dans la même faute. Si, nourrissant ses anciens projets, la Russie se décidait à tenter leur réalisation, elle prendrait mieux ses mesures cette fois-ci et elle aurait, pour les premières campagnes au moins, l’avantage d’une occupation immédiate des points capitaux. Mais quelle lutte gigantesque ne faudrait-il pas engager et à quels sacrifices ne faudrait-il pas se résigner en entreprenant de l’en déloger ? Quelles grandes chances d’échouer dans cette tentative !

Il est vrai qu’on pourrait toujours se rattrapper sur les autres provinces ou sur quelques îles de la mer Égée, sur les îles de Crète, de Rhodes ou de Chypre, et de là se livrer à la contemplation des