Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/21

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de moyens, tant de richesses, et de se trouver dans une perpétuelle agonie ? À quoi sert cet embonpoint si flasque qui tient ce corps dans une extrême atonie ? Faudrait-il avoir des connaissances extraordinaires, un génie supérieur, un esprit de pénétration hors ligne pour trouver un remède à cette situation ? Ne suffit-il pas, à la première inspection du mal, d’entendre ce que nous dicte le bon sens lui-même sans d’autre appareil, sans d’autre auxiliaire ? Écoutons ce qu’il nous dit dans son langage si simple et si naturel :

« Séparez autant que possible les éléments adverses ! Mettez chacun d’eux dans un récipient à part ; rangez-les chacun à sa place, et vous pourrez espérer que, rendus à eux-mêmes, libres et dégagés de toute entrave dans leur action, chacun de ces éléments pourra développer abondamment sa force intérieure, prendre sa place et contribuer, pour sa part, au maintien de l’équilibre européen. Et puisque toutes vos craintes, toutes vos appréhensions vous viennent du côté de la Russie, considérez bien que l’élément musulman concentré, massé, devenu compacte, bien organisé et bien fortifié en Asie, sera la force la plus propre pour opposer une résistance sérieuse à la Russie, si elle voulait s’étendre au delà de ce qu’elle possède aujourd’hui.

« Considérez qu’en Europe, si au lieu d’un État turc obligé de porter sur le Danube une armée de deux cent mille hommes bien organisée, bien disciplinée et bien commandée, pour résister sérieusement à une invasion russe, mais ne pouvant jamais la réunir en de telles conditions, — et, en y parvenant