Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/40

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être facilement conciliées et même effacées par l’action prépondérante du gouvernement. En Europe, où parmi les populations chrétiennes on ne pourrait pas gouverner sans le concours du peuple et des assemblées qui doivent le représenter, si ces divergences, ces répugnances, sont d’une importance telle qu’on ne puisse les faire disparaître par la persuasion et par le sentiment de solidarité, il ne saurait plus y avoir d’unité de but, ni convergence de volontés, ni concours d’action ; mais tout sera contraire.

Avant la grande révolution hellénique de 1821, et même quelques années après, il existait chez les populations orthodoxes de l’empire ottoman une tendance à se fondre dans une seule et même nationalité. Tout le monde prenait alors volontairement le nom générique de Romaios (ce qui signifiait et signifie encore en Turquie le Grec), comme une tradition de l’empire gréco-romain. Tout le monde tenait à honneur d’appartenir à la nationalité grecque et de parler le grec, qu’on appelait alors romaïque. Tous ceux qui des provinces danubiennes prenaient leur vol vers l’Europe s’y présentaient comme Grecs, tenant à grand honneur de s’appeler Grecs. Mais cette époque, quoique peu éloignée par le temps, l’est déjà trop par les changements survenus dans les esprits.

À cette époque on n’avait rien fait pour les prévenir, on ne pensait point alors à encourager ni à aider ces libres dispositions, ces mouvements spontanés. Si, d’un côté, le joug écrasant des Ottomans portait toutes ces populations à oublier leurs origines et à se serrer dans une solidarité commune, de l’autre,