Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/41

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le péril même où se trouvait exposée tous les jours l’existence de tous ceux qui s’élevaient au-dessus de la foule empêchait la conception de grands projets dont les résultats ne pouvaient se produire qu’avec le temps. Si même on les avait conçus, ces projets, l’instabilité des choses et le renversement continuel des positions ne permettaient point de s’occuper de leur réalisation. Lorsqu’on vivait au jour le jour, dans la vie physique comme dans l’action politique, de telles préoccupations ne pouvaient guère avoir lieu. Tout ce qui arrivait, tout ce qui s’y produisait donc ne se faisait que par un élan de spontanéité, sans l’existence de projet conçu et médité. Si un projet eût existé, il aurait même produit un effet plus considérable.

Après l’insurrection hellénique, le sort commun ne se trouvant plus placé sous une oppression identique, on commence à songer aux différences de nationalité, d’intérêts, de passé et d’avenir. L’influence étrangère, notamment après la guerre de 1828, s’y mêlant, on a su faire ressortir de plus en plus les différences, grossir les griefs, entretenir la discorde et inspirer une espèce de répulsion. Il est inutile d’entrer ici dans des détails sur ces mésintelligences, d’expliquer les motifs supérieurs qui les produisirent, de constater les griefs réels, de réfuter les imaginaires, de représenter les fatalités insurmontables qui devaient et doivent encore en produire tant que durera le régime ottoman. Il est inutile, je veux dire, de les discuter, puisqu’on ne saurait agir sous ce régime pour les faire cesser.

Mais entendons-nous bien. De ce que les diver-