Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/57

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dans le promontoire qui comprend le royaume actuel de la Grèce, l’Épire et la Thessalie ? Ce serait la réduire à rien que de la mutiler ainsi. Elle n’aurait plus raison d’être comme corps politique. Un si mince État situé, non dans un coin de l’Europe, mais au centre même de la Méditerranée, peut-il exister sans devenir le jouet du premier venu ? Il vaudrait mieux se résigner à se fondre dans quelque nationalité plus forte. On se mettrait ainsi, au moins, à l’abri des avanies et des insultes de l’étranger. Il arrivera par cette éviction que la nationalité hellénique, ne pouvant plus aspirer à une existence réellement indépendante dans les limites tracées par la nature et hautement indiquées par son histoire, verra avec désespoir qu’elle ne saurait jouer d’autre rôle que de servir de satellite à quelqu’un. N’ayant plus d’ambition honnête et légitime à poursuivre, elle le deviendra forcément, mais ce quelqu’un sera celui dont elle pourra espérer le plus de richesses, le plus d’avantages matériels ou le plus d’avancement dans les carrières de la politique, de l’armée, de la marine.

La langue hellénique doit-elle donc disparaître du pays qui produisit le grand soleil de l’intelligence ? Stagire doit-elle devenir une ville slave ? La grande arche qui pendant les divers cataclysmes de la barbarie fut le refuge des arts et des sciences, et d’où ils se sont répandus à différentes reprises sur toute l’Europe ; le foyer d’où jaillirent les deux courants d’étincelles qui allumèrent les deux grands phares de la civilisation moderne, — la Renaissance et la Réforme ; — la ville qui fut l’Athènes, l’Alexan-