Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/58

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drie du moyen âge[1], doit-elle voir sa langue étouffée par la superposition d’une langue étrangère ? Ce que les Turcs n’ont pas pu consommer sera-t-il l’œuvre des Slaves ? Serait-elle donc inéluctable la loi horrible, une autre lex horrendi carminis : « L’initié tue l’initiateur !!! » Les générations du monde moral et intellectuel seraient-elles comme l’engeance des vipères, enfants qui donnent la mort aux mères qui leur ont donné le jour ? Les races slaves payeraient-elles aujourd’hui leur initiation à la civilisation et au christianisme de la même manière que le firent autrefois les races latines ? Une telle fatalité serait-elle inexorable ?

Ah ! qu’on s’imagine qu’on fût condamné à prévoir un tel sort réservé dans un jour éloigné à Paris pour la langue française, à Berlin pour la langue allemande, à Florence pour la langue italienne, et qu’on nous le dise : serait-ce d’un œil sec ? Ne coulerait-il pas une larme de ses paupières ?

Est-ce pour appartenir à la nation hellénique qu’un tel événement nous paraît ce qu’il y aurait de plus désolant au monde ? Celui qui écrit ces lignes cent fois s’est fait cet examen de conscience, et cent fois il a trouvé que, fût-il Français, Allemand, Anglais, Italien, Russe, ou de n’importe quelle autre nationalité, il en devrait être ainsi. Les préjugés d’éducation pourraient-ils nous égarer à ce point ? Nous soumettons ces considérations à tous ceux qui tiennent aux idées de spiritualisme élevé, à tous ceux qui adorent la lumière et la science,

  1. Voir l’Épître 155e d’Æneas Sylvius, depuis Pie II.