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10 ans s’écoulèrent avant l’établissement d’une ligne dans ces parages.

« Notre troisième hiver allait commencer ; il me fallait songer à construire tout au moins une étable, car mon troupeau avait augmenté et je me trouvais avoir 4 chevaux (dont 2 poulains) et 12 bêtes à cornes à loger.

Il faut rendre cette justice à l’Ouest Canadien que son climat sec est absolument idéal pour l’élevage, et si ce n’était la rigueur des hivers qui empêche le bétail de trouver sa vie tout au long de l’année dehors, (les chevaux eux, savent gratter la neige pour se procurer à manger) je pense que cette immense portion du Canada serait couverte d’animaux, car, pratiquement il n’y a pas d’épizooties. Mais la Nature qui règle les conditions de la vie, selon une mystérieuse loi d’équilibre, prévient les envahissements.

« On pourrait trouver de curieuses preuves de ce que j’avance là dans l’étude du bétail sauvage : bisons, bœufs musqués, mouflons, bouquetins, etc. Certes, ces animaux supportent bien l’hiver, sans soins, mais leur croissance est lente et ils ne se reproduisent pas aussi rapidement que le bétail domestique. Ainsi, alors que certaines de nos génisses donnent veau à 2 ans, les génisses bisonnes attendent la quatrième année. Même les bêtes de croisement entre les deux races, comme par exemple le cattale (métis de bison et de vache domestique) prennent 4 ans pour avoir toute leur taille, laissée à la prairie, alors que nos bœufs sont adultes à deux ans et demi.

« Les philosophes ont beau dire, toutes leurs théories n’empêcheront pas que l’homme demeure tributaire de la loi de l’effort dans sa lutte pour la vie. Les profits de l’élevage malgré les apparences — tout comme ceux de la culture — sont proportionnels aux soins donnés.