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XV
INTRODUCTION.

n’ai trouvé de preuves de cette vénalité que sous Louis XIV : en 1684, Hardouin Mansart acheta de Gobert l’office d’intendant des bâtiments, jardins, arts et manufactures du roi, et revendit en 1699 le même office à François Blondel pour la somme de 130,000 livres. La vénalité de certaines charges relatives à l’architecture existait encore en 1774, car Verniquet, en se fixant à Paris à cette époque, acheta une charge de commissaire-voyer.


Les architectes jouissaient, dans quelques villes au moins, de certains privilèges ou immunités. Dans un traité du 12 juillet 1365, passé entre le chapitre de la cathédrale de Troyes et Thomas son architecte, il est stipulé que ce dernier continuera de jouir de la maison de l’Œuvre[1] et qu’il recevra la robe qui lui est due. Étienne Billion, architecte de l’église paroissiale de Bourg (Ain), voulut, en 1537, se démettre de ses fonctions parce que la ville prétendait lui imposer la charge du guet, dont les architectes étaient de droit exempts. Sous François Ier, le maître des œuvres de la ville de Paris était logé dans un édifice municipal, la tour Barbeau, située quai Saint-Paul et qui faisait partie de l’enceinte de Philippe-Auguste. En 1692, le maître des ouvrages de la ville de Rouen, Nicolas le Carpentier, avait un traitement de 1,500 livres, plus un boisseau de sel, deux jetons de présence aux assemblées municipales, avec « exemption de toutes charges publiques ».


Des charges de cour étaient quelquefois accordées aux artistes constructeurs. Raymond du Temple et Jean Aubelet, architectes de Charles V, sont qualifiés dans les anciens titres de « sergents

  1. La maison de l’Œuvre était consacrée spécialement au service des travaux. Quelques-uns de ces édifices subsistent encore Les deux plus intéressants que je connaisse sont, à Strasbourg, le Frauenhaus, élevé au sud de la cathédrale vers 1580, et, à Sens, une jolie construction datant des premières années du XVIe siècle. La maison de l’Œuvre de Sens, élevée d’un étage seulement sur le flanc nord de la cathédrale, et qui a conservé intacte sa « chambre es traicts b, sert encore aujourd’hui de bureau à l’architecte diocésain.