Page:Lance, Dictionnaire des architectes français, 1872, tome I.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
179
DES ARCHITECTES FRANÇAIS.


DANTENA (Pierre), architecte du XIIIe siècle, construisit l’église de Saint-Augustin-lez-Limoges. Ce fait a été révélé par une pierre turnulaire conservée dans la sacristie de l’abbaye de Saint-Augustin, devenue la maison centrale de détention du département de la Haute-Vienne. Dantena était en même temps sacristain de cette église. (Bull. arch., t. II. — L’abbé Texier, Man. d’épigraphie.)


DARDAILLAN (Gabriel), né à Lille, mourut le 30 mars 1695. Il fit le fameux escalier du château d’Aubais (Gard), vis de Saint-Gilles moins célébré que l’autre, mais qui était aussi remarquable, non-seulement par son savant appa-


    Le sentiment dominât tout, même la matière. Partant de là, il avait imaginé une sorte d’architecture imitative, qui eût été comme une poétique peinture en relief des choses de la vie, comme un art nouveau tenant le milieu entre le rêve et la réalité. Doué d’un grand talent de dessinateur, il savait si bien traduire sur le papier les séduisantes songeries de son imagination que, sans vous convaincre jamais, il vous charmait presque toujours. Des cahiers de croquis que j’ai autrefois feuilletés avec lui contenaient, en ce genre, de délicieuses fantaisies, ingénieusement conçues, finement tracées, qui donnaient la plus haute idée de la délicatesse et de la distinction de sentiment de l’artiste. Malheureusement tout cela manquait d’une base sérieuse ; tout cela était imaginé pour un monde qui n’est pas le nôtre. L’architecture étant surtout l’art de la réalité et de la matière, elle ne peut être traitée comme la peinture et la poésie ; Danjoy avait donc tort de rêver pour elle une indépendance d’allures incompatible avec les conditions de son existence. Néanmoins ces efforts d’un consciencieux artiste, d’un esprit distingué et chercheur, font honneur à la mémoire de Danjoy ; assez de gens se traînent dans l’ornière de la vulgarité pour qu’il soit permis à quelques-uns de s’aventurer dans le vague domaine de l’idéal et aussi pour qu’on ne laisse pas disparaître, sans les mentionner avec éloges, ces chercheurs désintéressés, même quand ils s’égarent à la recherche de l’impossible.