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Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/106

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première, ils y virent inscrit leur nom. Ils devaient être punis parce que prêtant à intérêt ils avaient fait payer cinq ou six fois le capital par l’accumulation des intérêts[1], tenant leurs débiteurs en retard en chartre privée sans leur donner de nourriture, les forçant ainsi à vendre leurs biens et à mettre leurs enfants en gage pour s’acquitter envers eux.

À la vue de leur nom inscrit sur les tablettes, le mari et la femme lurent saisis d’effroi et demandèrent à leur gendre ce qu’ils devaient faire une fois revenus sur la terre pour se purifier de leurs fautes. Leur gendre leur dit : « Pour vous purifier, vous devez dépenser tout votre bien en fêtes[2] religieuses et en aumônes, lorsque vous serez dépouillés de tout, vos péchés seront effacés.

Les parents revenus chez eux allèrent chercher les bonzes pour faire de grandes cérémonies, ils distribuèrent aussi de nombreuses aumônes. Quand tous leurs biens furent dépensés ils retournèrent au marché de Manh ma dans l’espoir de revoir leur fille et de la suivre encore une fois aux enfers voir s’ils étaient justifiés. Ils la rencontrèrent en effet, et avant toute chose elle leur dit que leurs fautes étaient abolies et que ce n’était pas la peine qu’ils redescendissent aux enfers.



    compter un nombre considérable de petits enfers joints aux premiers. (Voir Eitel, s. v. Naraka.)

  1. La loi ne permet pas que l’intérêt accumulé puisse dépasser le capital ; quant à la religion, elle menace les usuriers des peines les plus sévères. Cela pas n’empêche les indigènes de prêter à des taux variant de 36 à 300 pour 100, suivant l’importance des prêts.
  2. Chay.