LII
ORIGINE DU MARGOUILLAT.
I
Thach sùng[1] était un personnage d’une fortune colossale, à qui rien ne manquait. Un jour, il vint chez lui un individu qui lui dit : « Vous pensez être riche, parions ensemble. S’il vous manque quelque chose, que me donnerez-vous ? » Thach sùng, enflé d’orgueil, et ne supposant pas qu’il put rien lui manquer, mit toute sa fortune comme enjeu du pari. « Avez-vous un tesson de plat ? » lui demanda l’autre. Thach sùng n’en avait pas ; il lui fallut mettre entre les mains de son adversaire toute sa fortune. Il en mourut de regret et fut métamorphosé en margouillat qui va toujours faisant claquer sa langue. C’est pourquoi quand on entend le cri du margouillat on dit : « Voilà Thach sùng à qui manque encore son tesson. »
II
Il y avait un jeune homme très difficile sur le choix d’une femme. Il ne voulait épouser qu’une fille aussi belle que les génies. Ses parents lui cherchèrent une femme en tous lieux sans pouvoir en trouver une à son goût. Ils moururent, et après leur mort il continua à chercher en vain.
Le Ciel permit à une fée de descendre dans la maison sous la forme d’une servante. Elle était laide, mais habile à l’ouvrage.
- ↑ Personnage célèbre par ses richesses. Il fut, d’après les auteurs chinois, tué à l’instigation d’un certain Tôn thu qui convoitait sa femme. Le Au hoc (Quyén IX, p. 16, section Bân phû) donne le récit d’une lutte de magnificence qui eut lieu entre lui et un certain Vuong khâi, et dans laquelle, entre autres actions extraordinaires, il se servit de cire en guise de bois à brûler.