Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accuser la femme d’avoir volé sa tortue, et la femme consentit à parier tous ses biens contre ceux de la tricheuse, mais quand on chercha la tortue dans le bateau on ne la trouva pas parce que l’orfèvre l’avait fondue et mise en lingot.

La tricheuse proposa alors un nouveau pari ; elle paria de faire reverdir un arbre desséché, mais l’arbre ne reverdit pas parce que la maîtresse du bateau avait fait enlever la terre qui opérait ce prodige de l’endroit où elle se trouvait. Elle-même ensuite planta l’arbre au lieu où elle avait fait transporter cette terre et l’arbre reverdit.

La tricheuse proposa alors de jouer aux cartes toute la nuit et paria que ses chats éclaireraient le jeu avec une chandelle sur leur tête. La maîtresse du bateau accepta. Elle lâcha des rats qu’elle avait cachés dans les manches larges de son habit, les chats coururent après, et la tricheuse dut s’avouer vaincue.

Elle et son mari durent servir la maîtresse du bateau ; quant à leurs biens, ils furent rendus à ceux à qui ils avaient été pris.

La maîtresse du bateau emmena la tricheuse et son mari, mais au milieu du voyage elle les jeta dans la mer. Ils furent transformés en marsouins et, mus par le regret de leurs biens, ils sautent toujours sur la mer. Quand on les rencontre, on les défie, et ils luttent de vitesse avec les barques.


II

Autrefois il y avait une jeune fille qui habitait avec ses parents. Dans le même village vivait un étudiant pauvre qui, chaque jour, venait dans la maison mendier son pain. La jeune fille devint amoureuse de ce jeune homme.

Un jour elle prit quelques taëls et alla attendre l’étudiant. Elle les lui donna, et ils se promirent d’attendre qu’il eut passé