Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LXXVI

LE FAUX DEVIN[1].



Il y avait un pauvre ménage. Le mari était paresseux et menteur. Un jour sa femme l’envoya chercher du travail, mais il revint sans avoir rien fait que de couper un bambou. Avant de rentrer dans la maison il s’arrêta derrière le mur.

Ce jour-là sa femme avait acheté cinq gâteaux ; elle en donna trois à ses enfants et leur dit de serrer les autres dans la jarre au riz pour les garder pour leur père. Celui-ci entendit la chose, et quelques instants après il entra avec son bambou et dit à sa femme : « Femme, j’ai acquis le pouvoir de découvrir les objets cachés ; voici avec quoi je les sens. Si tu as quelque chose de caché je vais le trouver. Sa femme lui dit de chercher les deux gâteaux, et il les trouva tout de suite dans la jarre au riz.

La femme alla se vanter auprès de ses voisines de ce que son mari était devenu si habile. Une de ces voisines avait perdu une portée de porcelets. Elle alla bien vite demander au nouveau sorcier de les lui retrouver. Heureusement celui-ci en revenant les avait aperçus dans un buisson. Il dit à la voisine : « Que me donnerez-vous si je les retrouve ? » Elle lui en promit deux, et il la mena tout droit au buisson où la bande était cachée.

La femme du sorcier, toute joyeuse, alla conter l’affaire à ses parents. Ceux-ci lui dirent : « Amène ici ton mari pour l’éprouver ; nous allons cacher de l’argent dans ce coin, et s’il le trouve, nous vous donnerons la moitié de nos biens. Le mari avait suivi sa femme et surpris toute cette conversation. Il prit ses jambes à son cou, rentra chez lui et, quand sa femme revint, fit sem-

  1. Thây hit, littéralement : le maître flaireur.