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de l’avoir dévorée, mais celui-ci lui offrit de le laisser s’assurer de son innocence. L’homme introduisit le pied jusque dans le ventre du crocodile et il n’y toucha que des galets arrondis. Il lui demanda alors s’il n’avait pas vu passer de bateau ; le crocodile avait vu le bateau chinois, ils se mirent à sa poursuite et l’atteignirent bientôt. Mais, du haut du bateau, la femme cria à son mari qu’elle avait épousé le capitaine et qu’il pouvait prendre une autre femme.

L’homme revint raconter au Bouddha ce qui était arrivé. Le Bouddha le renvoya pour réclamer à sa femme le sang qu’elle avait bu. Le crocodile rapporta donc le mari au bateau et celui-ci cria à sa femme : « Puisque tu veux violer ton serment et prendre un autre mari, il te faut me rendre la tasse de mon sang que tu as bue. La femme aussitôt vomit du sang, mais en trop petite quantité.

Le mari s’en retourna auprès du Bouddha, et, pendant ce temps, la femme mourut sur le bateau. Les Chinois jetèrent son cadavre à la mer ; il flotta jusqu’au paradis occidental où le Bouddha le transforma en moustique. C’est pourquoi le moustique suce le sang afin de pouvoir rendre celui qu’il doit encore.