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XCII

LA DAME DOAN.



Du temps des Tày son, un dô dôc nommé Khuè administrait le Nghè an. Il avait pris une jeune femme[1] nommée Doan, jolie et douce, en qui il avait toute confiance et qui gouvernait toutes les affaires de la maison.

Le dô dôc était accessible à tous ; seulement, pendant qu’il dormait au milieu du jour, il y avait défense expresse de le déranger pour quoi que ce fût, et ses femmes ni ses concubines ne devaient même pas lever le rideau qui fermait la chambre où il dormait.

Un jour qu’à midi il dormait dans son lit, un violent incendie se déclara au marché de Vinh ; le dô dôc cependant ne se réveillait pas et personne n’osait entrer pour lui annoncer la nouvelle, ni (sans son ordre) faire battre le tambour pour rassembler les troupes.

  1. Cuoi hâu, littéralement : Épouser une femme pour servir. Se dit des mandarins qui prennent une concubine :
    Me ôi ! quan chanh doi hau.
    Mua chanh ma gôi cai dan cho tron.

    Mère ! le mandarin demande des femmes, — achetez-moi du citron pour me nettoyer la tête et me lisser (les cheveux).