Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/247

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signe, la danseuse reconnut qu’il voulait lui rappeler le passé. Elle se leva et chanta aussitôt :

Giang son mot ganh nào nùng,
Tinh trong ù hu, anh kùng nho khong ?[1].


Passionné pour ma beauté, vous m’avez vu repousser votre amour ; ô héros ! vous en souvenez-vous ?


Nguyén công trù loua son art et se fit reconnaître à son frère. Il la prit comme seconde femme et en eut cinq enfants qui tous arrivèrent aux emplois.

Sous le règne de Minh mang il fut envoyé pour réduire des bandes de pirates chinois et annamites. Il fit prisonnier plus de 50,000 Annamites et obtint de la cour la permission de les établir dans la province de Nam dinh, qui était déserte et où il fonda les huyèn de Kiém son et de Ly âp. Ces huyèn sont riches et florissants Ils révèrent Nguyén công trù sous le titre de Thành hoàng.

La première année Tu dùc, Nguyén công trù se rendit à la cour et demanda trois choses : une augmentation de solde pour les troupes, la liberté du commerce entre le Tonquin et

  1. Il y a de ces vers une variante :
    Giang son môt gânh giu a dong
    Quân không ù hu, anh hung nhô không ?

    Seule au milieu des champs avec un bagage qui eut tenu dans deux paniers, — je vous ai repoussé dans une misérable auberge ; héros ! vous en souvenez-vous ?

    L’explication raisonnée de ces deux traductions serait trop longue, et ici hors de sa place. Dans les vers qui font partie du texte, giang son môt ganh. — le fardeau des fleuves et des montagnes, — désigne les seins de la femme.