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Quelque temps après enfin il vit un homme qui portait un serpent et demanda aussi à l’acheter. L’homme lui dit : « C’est un serpent très méchant que je vais noyer, pourquoi l’acheter ? » Le rameur lui répondit : « Peu importe ! vendez-le moi. » L’homme le voyant assez bête pour acheter un serpent, lui en demanda cinq ligatures, et le rameur les lui donna.

Le bateau partit pour s’en retourner dans leur pays, et au bout d’un certain temps le serpent plongea dans le fleuve. Son maître le regretta beaucoup et plongea après lui pour le repêcher. Le serpent, touché de ce qu’il l’avait sauvé de la mort et lui montrait encore son affection en cherchant à le repêcher, lui donna une pierre précieuse[1] pour lui témoigner sa reconnaissance, et ensuite il le guida jusque chez lui.

Le patron du bateau ayant vu son rameur sauter dans le fleuve et ne pas reparaître le crut mort et alla bien vite faire sa déclaration au village, afin que les notables lui en donnassent acte et qu’il ne fut pas, par la suite, accusé de la mort de ce rameur. Il revint ensuite chez lui et y trouva le rameur qui était arrivé depuis trois jours.

Quand le serpent avait donné sa pierre précieuse au rameur, il lui avait dit : « Prenez cette pierre précieuse ; par son moyen vous serez riche et vous obtiendrez tout ce que vous désirerez. » Il s’enrichit donc rapidement et épousa la fille d’une bonne famille du voisinage.

Il vivait à l’aise dans sa maison, mais sa femme n’avait pas de bijoux. Cette femme, voyant la pierre précieuse étincelante que possédait son mari, lui dit de la porter chez l’orfèvre pour en faire faire un bracelet. L’orfèvre qui reconnut sa valeur la remplaça par une autre, et quand, par la suite, le mari et la femme voulurent faire des souhaits ils ne les virent plus s’accomplir.

  1. Ngoc bàng xuyên.