Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CVII

L’HOMME QUI ACHÈTE UN CHIEN,
UN CHAT ET UN SERPENT.



Il y avait un homme simple qui avait encore sa mère et était très pauvre ; il résolut de se louer comme rameur pour gagner sa vie et entretenir sa mère. Il reçut d’avance quarante ligatures du patron du bateau et les emporta avec lui dans la pensée d’acheter quelque pacotille qu’il revendrait avec bénéfice.

Le bateau passa dans un pays où ils firent un grand commerce, et notre homme se mit à chercher quelque article de peu de valeur qu’il put acquérir. Or, un homme de ce pays avait un chien qui volait toujours de quoi manger ; il ordonna à un de ses domestiques de l’attacher et d’aller le noyer au fleuve. Ce domestique rencontra notre rameur qui lui demanda combien il voulait lui vendre le chien ? L’autre lui répondit qu’on lui avait dit d’aller le noyer parce que c’était un chien voleur, pourquoi l’acheter ? Mais le rameur insista et le domestique finit par le lui céder pour trois ligatures. Le rameur ramena son chien au bateau et l’attacha à l’endroit où il ramait.

À un autre moment il vit un homme qui allait noyer un chat ; il lui proposa de l’acheter, l’autre lui dit : « C’est un chat voleur que mon maître m’envoie noyer, qu’en ferez-vous ? » Le rameur répondit : « Peu importe ! vendez-le moi. » Et il acheta le chat trois ligatures et l’attacha dans le bateau à côté du chien.