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Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/276

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CVIII

RECONNAISSANCE D’UN TIGRE.



Vers la fin de la dynastie Trân vivait au village de Truong xâ, dans le huyên de Chân lôc, province de Nghê an, un homme de la famille Nguyèn. Il vivait de la culture de ses champs. Il avait un fils encore jeune.

Les rizières de cet homme étaient basses, aussi y avait-il beaucoup de poissons. Il fit un barrage pour y placer des nasses. Ces rizières étaient voisines de la forêt. Un jour que notre homme avait placé ses nasses, un tigre vint les visiter, il les brisa et mangea le poisson qu’elles contenaient. Il se trouva qu’un câ rô gros et vigoureux se débattit, hérissa ses nageoires et lui resta à la gorge.

Le tigre essaya vainement de s’en débarrasser, mais il ne put, malgré tous ses efforts, ni achever de l’avaler, ni le rejeter. Il resta donc à se rouler et à gémir. Quand le propriétaire vint visiter ses nasses il ne sut d’abord à quoi il avait affaire, mais ayant allumé une torche, il vit le tigre gisant et ne témoignant d’aucune intention malveillante.

Il demanda au tigre ce qu’il avait à gémir ainsi, et voyant qu’il ouvrait la gueule et y portait toujours la patte il se douta qu’il avait dû manger le poisson et qu’une arête lui restait au gosier. Il dit donc au tigre : « Si c’est une arête que vous avez à la gorge, inclinez la tête, et j’irai chercher un remède pour vous tirer