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VIII

HISTOIRE D’UNE PRINCESSE
DE LA DYNASTIE LÉ.



Le roi Thânh tông[1], de la dynastie Lé[2], qui régna sous le titre de Hong duc, avait une fille nommée Mai châu. Comme elle atteignait l’âge de treize ans, les Moïs des cinq Quâng[3] se révoltèrent, et Ngô bat Ngao[4], qui prétendait descendre des Minh[5], s’unit à eux. Aucun général ne pouvait parvenir à le vaincre. La princesse demanda alors à son père de lui donner le commandement d’une armée pour aller le combattre. Le roi fit armer dix galères montées par cinquante mille hommes. Cette flotte mouilla près de l’îlot de An, sur la côte du Quàng binh. Vers le milieu de la nuit, il s’éleva une tempête épouvantable, et l’on comprit que quelque génie des eaux[6] voulait posséder

  1. 1460-1498.
  2. Cinquième dynastie annamite, de 1428 à 1789, année où Lé chien thong se réfugia à Pékin. Depuis les premières années du XVIIIe siècle, le pouvoir effectif était aux mains des Chûa (c’était le titre que portait au Tonquin la famille Trinh, et, dans la Cochinchine, la famille Nguyen dont l’ancêtre avait été le premier Chua).
  3. Les cinq Quâng sont : Quàng binh, Quàng tri, Quàng duc, Quâng nam, Quâng ngâi ; ce sont les cinq provinces voisines de Huê, qui est dans le Quâng du’c.
  4. Ngô bât Ngiao, rebelle d’origine chinoise qui gouvernait le huyèn de Binh chânh, dans le Quâng binh. Voir VI.
  5. La dynastie des Minh régnait alors en Chine. Le règne de Thânh tông correspond en grande partie à celui du dixième empereur de cette dynastie, Hièn tông, 1465-1488.
  6. Les génies des eaux passent pour être très friands des mortelles. On verra plusieurs historiettes qui roulent sur ce thème. Les femmes qui sont visitées par eux dépérissent lentement. Pour conjurer cette possession, qui porte le nom de mac dang dwoi, on emploie l’exorcisme suivant : le thây