Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demeurer. Maintenant, vous devez prendre cet arbre et y tailler nos quatre statues pour les honorer. Du reste du bois on fera les objets du culte. Nous serons les protectrices de votre village. » — « Si vous avez cette puissance, disent les autorités, transportez cet arbre jusque dans notre village, alors nous aurons foi et nous vous élèverons un temple ». À peine ces mots étaient-ils prononcés, que l’on vit le tronc de bach dàng échoué sur la rive remonter de lui-même jusqu’au village, sur un parcours d’environ cent poteaux télégraphiques[1]. Les gens du pays reconnurent la puissance de ces génies et se rassemblèrent pour faire une collecte, afin de bâtir le temple. Dix jours après, il y eut une forte tempête à la suite de laquelle une grande masse de colonnes et de bois de charpente vint, on ne sait d’où, échouer à Quèn. Avec ces bois ils construisirent le temple au centre et, de chaque cùté, vingt-quatre édicules. À partir de ce moment, on rendit un culte à ces déesses, et tous ceux qui venaient leur porter leurs vœux étaient exaucés par elles.

Lorsque Gia long se rendit à Hâ nôi pour recevoir l’investiture[2] il passa devant ce temple et y entra. Apprenant qu’il était dédié à une impératrice de la dynastie Tông, il dit : « Si vous êtes véritablement une impératrice, je vous prie de m’en donner un signe ». La déesse inspira aussitôt un médium qui dit : « Quel signe voulez-vous ? » Le roi prit trois rouleaux de soie brochée et demanda qu’en un quart d’heure ils fussent transformés en vêtements. À peine avait-il dit ces mots, qu’un coup de tonnerre retentit, une jeune fille vêtue d’un habit bleu descendit du ciel, entra dans le temple, prit les trois rouleaux de soie et disparut dans les nuages. Au bout d’un instant on entendit un autre coup de tonnerre, et un jeune garçon, vêtu d’un habit rouge,

  1. Les Annamites de nos provinces comptent volontiers les distances de cette façon.
  2. 1803.