Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette histoire nous montre que les fautes des parents sont vengées sur les enfants. Les livres nous disent : « Près c’est pour nous, loin c’est pour nos descendants », c’est-à-dire que si les parents ont été vertueux ils laissent des mérites à leurs enfants, s’ils ont été méchants ils leur laissent des châtiments.


II


Il y avait quatre amis dont l’un était riche. Les trois qui étaient pauvres s’aimaient comme des frères. L’un d’eux était le frère germain de l’homme riche. Un jour le riche alla à la maison de l’un des trois autres et lui dit : « Tu es pauvre, je vais te prêter vingt ligatures pour aller faire le commerce. » L’autre consentit à les prendre et alla faire du commerce.

Le riche avait conçu de mauvais sentiments. Il avait une femme laide, tandis que son ami en avait une fort jolie, et il avait résolu d’écarter celui-ci afin de s’emparer de sa femme. Il tua donc la sienne, lui coupa la tête qu’il cacha dans le grenier à riz et prit le corps qu’il alla jeter dans la maison de son ami. Ensuite il enleva la femme de celui-ci et la cacha dans sa maison. Il avait chez lui une petite servante ; il eut peur qu’elle ne l’eut découvert, aussi lui fit-il boire d’une huile qui la rendit muette, afin qu’elle ne pût parler.

Quand l’ami revint de son voyage d’affaires il trouva dans sa maison le cadavre d’une femme morte et pensa que c’était sa femme. Le mandarin le fit arrêter, l’accusant d’être l’auteur de ce meurtre, et il fut condamné à mort. Sa mère alla partout chercher à emprunter mille ligatures pour racheter sa vie, mais elle ne les trouva pas.