CXX
CHATIMENT CÉLESTE.
I
Il y avait deux époux qui s’étaient enrichis par l’usure. Ils avaient deux enfants, un garçon et une fille. Les parents moururent et la fille continua à habiter avec son frère. Une nuit de l’année 1872 qu’il faisait au dehors une tempête épouvantable, cette fille s’habilla et se para pour sortir. Son frère lui demanda où elle allait ; elle répondit qu’elle avait affaire dehors. Il voulut l’empêcher de sortir, mais elle persista dans son dessein et quitta la maison.
Elle ne revint pas de toute la nuit. Le lendemain on se mit à sa recherche et on la trouva dans un de leurs champs où elle était déjà engloutie jusqu’à mi-corps. Elle vivait encore et criait : « Cinq mauvais, trois bon ! Le riz hâtif est mêlé au riz du dixième mois[1]. » Autour d’elle la terre était brûlante, aussi ne put-on aller à son secours, et elle resta là à répéter toujours les mêmes phrases jusqu’au soir où elle disparut tout à fait. La terre se referma sur elle, noire et dure comme de la pierre, impénétrable à la pioche.
- ↑ Nàm xâu, ba tôt ; lûa chiêm tôn voi lûa mùa.