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et la surprit. Câm alors lui raconta son histoire, et la vieille la garda comme sa fille adoptive. Vint le jour anniversaire de la mort du mari de la mendiante. Celle-ci dit à Câm : « Je ne sais comment faire pour offrir le sacrifice à ton père (adoptif), je n’ai pas d’argent pour rien acheter. » Câm lui dit : « Ma mère, ne vous inquiétez pas ; lorsque viendra le terme, il y aura tout ce qu’il faudra. » Pendant la nuit, elle éleva un autel en plein air et adressa ses vœux au génie (qui l’avait protégée antérieurement). Celui-ci lui donna immédiatement tout ce qu’elle désirait.

Après l’offrande, Câm dit à la vieille d’aller inviter le fils du roi à venir prendre part à son festin. Le fils du roi se moqua de la vieille mendiante, lui demandant ce qu’elle avait de beau pour venir ainsi l’inviter, « Si vous voulez que je vienne, lui dit-il, tapissez-moi tout le chemin de soie brodée, couvrez la porte d’ornements d’or. » La vieille alla rapporter à Câm ce que lui avait dit le fils du roi. Celle-ci répondit : « Peu importe ! invitez-le à venir. Il sera fait comme il a dit. » Elle adressa ses vœux au génie qui tapissa le chemin de soie, couvrit la porte d’ornements d’or.

Quand le fils du roi arriva dans la maison de la vieille il vit une boîte qui contenait des chiques de bétel parfaitement confectionnées[1]. Il demanda à la vieille qui les avait faites. Celle-ci entra dans l’appartement intérieur et demanda à Câm ce qu’il fallait répondre. Câm lui ordonna de répondre qu’elle avait fait les chiques elle-même. Le fils du roi alors lui ordonna d’en faire une pour voir. Câm se transforma en mouche et se mit à

  1. C’est un grand art et qui n’est pas donné à tous de confectionner une chique de bétel qui réponde à toutes les exigences. Dans l’Annam on fait les chiques de forme régulière et beaucoup plus petites que dans nos provinces. L’on n’offre pas non plus tout un plateau de feuilles et d’arec, mais un petit nombre de chiques ; à leur élégance on reconnaît la main des demoiselles de bonne maison.