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voler autour de la vieille pour l’aider à faire la chique. Le fils du roi voyant cette mouche reconnut que c’était elle qui donnait cette faculté à la vieille, il la chassa donc d’un coup d’éventail et la vieille se trouva incapable d’aller plus avant.

Le fils du roi fit de nouvelles questions à la vieille, et celle-ci, effrayée, avoua la vérité et dit que c’était sa fille qui avait fait les chiques. Le fils du roi lui ordonna de faire venir sa fille et en elle il reconnut aussitôt la femme qu’il avait perdue. Câm lui raconta toutes ses aventures et le fils du roi ordonna à la vieille de la ramener chez lui.

Lorsque Tàm vit revenir sa sœur, elle feignit une grande joie. « Où avez-vous été depuis si longtemps, lui demanda-t-elle ? Comment faites-vous pour être si jolie ? Dites-le-moi que je fasse comme vous. » — « Si vous voulez être aussi jolie que moi, lui répondit Câm, faites bouillir de l’eau et jetez-vous dedans ». Tàm la crut, elle se jeta dans de l’eau bouillante et mourut. Câm fit saler sa chair et l’envoya à sa mère. Celle-ci crut que c’était du porc et se mit à en manger. Un corbeau perché sur un arbre cria : « Le corbeau vorace mange la chair de son enfant et fait craquer ses ossements. » La mère de Tàm entendant ce corbeau se mit en colère et lui dit : « C’est ma fille qui m’a envoyé de la viande, pourquoi dis-tu que je mange la chair de ma fille. » Mais quand elle eut fini la provision, elle trouva la tête de Tàm et sut ainsi qu’elle était morte.