Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/106

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puisque, ordonnant mes dépenses possibles selon l’utilité plus ou moins grande que j’en dois retirer, je ne laisse aucune de ces dépenses qui doivent me donner une rente subjective. Ma rente subjective de consommateur peut donc varier sans que rien soit changé dans mes achats, par suite, dans la consommation et la production générales. Mais que les rentes objectives varient, alors varieront les revenus-valeurs des individus, leur puissance d’achat ; des perturbations auront lieu dans la consommation, conséquemment dans la production.

47. Qu’est-ce donc qu’une rente objective ? C’est, essentiellement, un revenu tel que, s’il venait à disparaître, l’opération économique qui lui donne naissance ne cesserait pas nécessairement pour cela d’être faite. Prenons par exemple la rente foncière, qui va au propriétaire foncier, soit qu’il exploite lui-même sa terre, soit qu’il la donne à bail à un fermier. Les choses peuvent s’arranger de telle sorte que le propriétaire d’une terre, après avoir pendant un temps tiré une rente de celle-ci, perde cette rente complètement : il en sera ainsi si notre propriétaire n’est pas en état de tirer de sa terre plus que ce qu’il gagnerait à s’occuper ailleurs, et si personne ne se trouve pour gagner, en cultivant cette même terre, plus qu’en s’occupant autrement[1].

  1. Ainsi, pour que la rente apparaisse, il faut que quelqu’un se trouve — le propriétaire lui-même, ou un autre — à qui l’exploitation de la terre considérée donne plus de produit que la plus avantageuse ’des occupations qu’il pourrait prendre. Plusieurs individus peuvent être à même de tirer une rente de notre terre ; celui-là alors aura la terre qui obtiendra, à cultiver celle-ci, l’excédent le plus fort par rapport aux autres occupations auxquelles il pourrait s’adonner. S’il n’y a qu’un individu en état de tirer de la terre une rente et que cet individu ne soit pas le propriétaire, il devra donner au propriétaire, comme redevance pour sa terre, une somme variant entre 0 et l’excédent obtenu. Marx (Le capital, liv. II, ch. 45) dit que l’usage de la terre ne sera jamais gratuit, le propriétaire ne consentant à se dessaisir de sa terre que s’il doit lui en revenir quelque chose ; il parle d’une