Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/108

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vent en ajouter encore. Mais hors ces deux-là, il n’en est pas qui soient essentiels. Prétendra-t-on, par exemple, que la rente résulte de conditions naturelles, tandis que tels autres revenus sont déterminés par des conditions d’ordre social ? Montrera-t-on que la rente d’une terre tient à la fertilité de cette terre, alors que l’intérêt du capital, pour ne parler que de lui, est déterminé par la somme et par l’échelle des ressources des membres de la société, par leur esprit d’économie plus ou moins développé, etc. ? La distinction serait quelque peu arbitraire. La rente foncière dépend directement des prix des denrées que la terre produit, mais ces prix sont déterminés eux-mêmes par la demande, par les besoins et les ressources des consommateurs. Et d’autre part parmi les facteurs qui influent sur le taux de l’intérêt on sait assez qu’il en est qui sont, pour partie tout au moins et d’une certaine manière, « naturels », telle la productivité des emplois ouverts aux capitaux.

La rente n’est pas non plus nécessairement éternelle, ou même durable, ni régulière. Elle n’est pas nécessairement régulière : une terre donne plus une année, moins une autre année ; et même si l’on établit des moyennes sur des périodes de plusieurs années, on voit ces moyennes changer d’une période à l’autre, par suite des modifications survenues soit dans l’organisation générale de la production, soit dans les goûts et la demande des consommateurs, soit même dans les conditions climatériques et géologiques de la production. La rente n’est pas nécessairement éternelle, ou même durable : n’est-il pas permis en effet de concevoir telle circonstance exceptionnelle qui à une terre ordinairement improductive ferait donner un produit, une rente, et inversement telle circonstance qui rendrait improductive une terre en rapport ?