Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/126

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premières conditions, l’une n’est pas très bien formulée, et l’autre est introduite mal à propos. L’expression « rareté du capital » est une expression peu nette, et qui risque d’engendrer des confusions si on ne prend pas la précaution de l’expliquer avec soin. Pour ce qui est de la rareté des capitalistes, en quoi importe-t-elle, en tant qu’elle ne fait pas la « rareté du capital » ? Qu’y a-t-il à considérer ici, que la quantité des biens susceptibles de servir de capitaux, et l’intérêt que ces biens exigent pour recevoir cette destination ?

Mais c’est la troisième condition posée par Philippovich que j’ai l’intention d’examiner. Et pour voir dans quelle mesure Philippovich a eu raison de poser cette troisième condition, et de la poser ainsi qu’il l’a fait, il ne sera pas mauvais d’examiner la critique que Böhm-Bawerk a donnée de la théorie de notre auteur[1].

57. Böhm-Bawerk objecte ceci à Philippovich : la rareté des talents d’entrepreneurs n’accroît pas l’intérêt, elle accroît le gain des entrepreneurs, tout comme la rareté du capital accroît, de son côté, la part qui revient au capitaliste comme tel, l’intérêt. Il importe de séparer dans la production ces deux éléments, l’élément personnel — le talent de l’entrepreneur — et l’élément réel — le capital —. Il n’y a aucune raison pour que la rareté des talents d’entrepreneurs accroisse la part du revenu social qui revient au capital ; de même, d’ailleurs, à l’inverse il n’y a aucune raison pour que l’entrepreneur, si le capital est rare, retire de cette rareté du capital un bénéfice particulier.

Ce raisonnement de Böhm-Bawerk est peu satisfaisant. Böhm-Bawerk ne veut pas que la rareté plus

  1. Böhm-Bawerk, Einige strittige Fragen der Capitalstheorie, Vienne et Leipzig, 1900, pp. 81 et suiv.