Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sante de l’épargne[1]. Les talents d’entrepreneurs sont-ils au contraire moins rares ? la demande de capitaux destinés à la production sera plus abondante, et il faudra s’adresser à des prêteurs plus exigeants pour que cette demande puisse être satisfaite. Dans une seule hypothèse la variation de la rareté des talents d’entrepreneurs serait sans influence sur l’intérêt : dans l’hypothèse où avant comme après cette variation la quantité des aspirants entrepreneurs pourvus de capitaux resterait exactement la même.

Mais quel besoin d’entrer dans l’examen de toutes ces hypothèses ? Il y a mieux à faire pour répondre à l’argumentation de Böhm-Bawerk, c’est de représenter que Philippovich n’a pas cherché à déterminer l’influence de la rareté plus ou moins grande des talents d’entrepreneurs sur les variations de l’intérêt. Ce qu’il a avancé, et qu’il s’agit pour nous d’examiner, c’est que la rareté de ces talents pouvait et devait faire apparaître l’intérêt, et qu’elle était une condition indispensable de l’apparition de celui-ci.

58. Là-dessus, Böhm-Bawerk décide ainsi : il nie que la rareté des talents d’entrepreneurs soit, comme le veut Philippovich, une condition indispensable de l’intérêt. Supposez, dit-il, que ces talents soient universellement répandus, que tout membre de la société sans exception ait en lui l’étoffe d’un entrepreneur, vous n’en verrez pas moins ces entrepreneurs qui sont à même de travailler avec des capitaux, ou avec plus de capitaux que leurs concurrents, avoir sur ceux-ci un avantage que la concurrence ne fera pas dispa-

  1. Il faut supposer encore ici que les aspirants entrepreneurs ne peuvent employer chacun qu’une quantité limitée de capitaux. Tel est parfois l’inconvénient de certaines hypothèses irréelles que l’on fait, que pour pouvoir en tirer des conclusions on est obligé d’y introduire des complications irréelles elles-mêmes.