Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/130

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sommation. Seulement, les capitaux rapportant partout, rapportant à tous le même revenu, quel avantage les derniers auraient-ils à prêter aux autres, plutôt que de faire valoir leurs capitaux eux-mêmes ? Tous les capitaux doivent rapporter — une certaine quantité de capitaux étant engagée dans la production — un revenu de 4 %. Pourquoi prêterais-je à quelqu’un qui doit retirer 4 % de l’emploi de mon capital, et qui par suite ne me donnera que 4 - ε % ? je suis en mesure de toucher les 4 % pleins. Faites au contraire les revenus du capital inégaux — et ils le deviendront si les entrepreneurs n’ont pas la même habileté —, et alors on verra, comme nous savons, ceux-là qui tirent 5 % ou 6 % des capitaux qu’ils emploient donner 4 % d’intérêt à des prêteurs, lesquels se contenteront de ce revenu parce qu’ils ne pourraient pas en obtenir un plus grand.

Böhm-Bawerk dit encore : si la théorie de Philippovich était vraie, la rente foncière comme l’intérêt s’expliquerait par la rareté des talents d’entrepreneurs. Les qualités personnelles de l’entrepreneur n’influent pas plus sur l’intérêt qu’elles n’influent sur la rente foncière lorsque l’entrepreneur met une terre en valeur : autant il est peu nécessaire, pour expliquer la rente foncière, d’ajouter à la rareté du sol la rareté des talents d’entrepreneurs, autant il est peu nécessaire d’ajouter cette dernière rareté à la rareté du capital pour expliquer l’intérêt.

Cette objection ne se distingue pas de la précédente ; elle appelle donc les mêmes observations que celle-ci. Oui sans doute, si vous faites tous les hommes également habiles, si vous supprimez toutes les inégalités qui peuvent exister dans la société, hors celle qui consiste dans la possession de capitaux par les uns, et seulement par les uns, vous verrez encore les capita-