Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/133

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revient à l’entrepreneur, dans le produit brut de son entreprise[1], son produit net[2], ce qui lui reste après qu’il a payé à ses ouvriers leur salaire, à ses prêteurs l’intérêt de leur capital, aux propriétaires qui lui ont loué leurs fonds la rente de ceux-ci. Mais le mot profit peut être pris dans un autre sens, qui est celui que je veux lui donner désormais et qu’il conviendrait que l’économie politique lui donnât, rendant le premier sens par l’expression de produit net : le profit, ce sera alors le produit net, diminué de la rémunération des fonds, des capitaux, et du travail aussi que l’entrepreneur apporte lui-même dans son entreprise[3].

De ce profit que je viens de définir, quelle est au juste la nature, quelle est l’origine ? À cette question, les auteurs ont répondu de façons très diverses, mais jamais d’une façon satisfaisante. Et il ne faut pas s’en étonner. Dans ces revenus qu’on appelle l’intérêt, la rente, le salaire, il y a non pas sans doute une fixité absolue, mais néanmoins une certaine fixité : et ces revenus, lorsqu’on prête ses capitaux, qu’on loue ses fonds ou qu’on s’engage comme travailleur salarié, sont pour un temps du moins déterminés rigoureusement. Un entrepreneur au contraire ne sait pas à l’avance ce qu’il gagnera, ou ce qu’il perdra ; ses gains, sauf des cas exceptionnels — comme celui de l’entrepreneur qui aurait un marché avec un client et qui ne produirait que pour celui-ci — sont variables au plus haut point.

J’ajoute que le profit étant, lorsqu’il y a un apport de l’entrepreneur, un résidu obtenu par la soustrac-

  1. Gesamtertrag (Pierstorff, dans le Handwörterbuch der Staatswissenschaften, 2e éd., t. VII, Iena, 1901. art. Unternehmer und Unternehmergewinn, p. 340).
  2. Unternehmereinkommen (p. 340).
  3. Unternehmergewinn (p. 341).